La rupture du ligament scapho-lunaire est une des blessures du poignet les plus fréquemment rencontrées.
Elle est couramment provoquée par une extension extrême du poignet, typiquement présente en cas de chute que l’on a cherché à amortir en se rattrapant sur une main.
Le diagnostic et la prise en charge de la rupture du ligament scapho-lunaire ont un rôle particulier à jouer dans le maintien d’une bonne qualité de vie chez les patients qui en souffrent.
Pour cause, il s’agit d’une blessure fortement arthrogène à long terme, c’est-à-dire susceptible de provoquer de l’arthrose, une affection des articulations douloureuse et invalidante.
La rupture du ligament scapho-lunaire, qu’est-ce que c’est ?
Le poignet est une articulation aussi complexe qu’elle est indispensable à la réalisation de la plupart des tâches du quotidien.
Capable d’effectuer une grande variété de mouvements, de supporter des transferts de force conséquents et d’offrir une grande dextérité, il est constitué de 8 petits os – les os du carpe.
Les os du carpe sont maintenus ensemble par une trentaine de ligaments qui assurent leur stabilité, leur précision et leur mobilité. Le ligament scapho-lunaire est le principal d’entre eux.
La rupture du ligament scapho-lunaire peut survenir dans de nombreuses circonstances, mais elle intervient typiquement après une chute sur le poignet.
Symptômes de la rupture du ligament scapho-lunaire
On pourrait penser qu’une rupture ligamentaire occasionnerait des symptômes violents, mais la réalité est souvent toute différente.
Les symptômes de la rupture du ligament scapho-lunaire sont fréquemment silencieux – ou presque – et peuvent passer inaperçus, ce qui engendre un diagnostic tardif.
Le patient néglige sa blessure, modérément douloureuse sur le moment, et ne consulte qu’en différé, alors qu’il est gêné au quotidien par une raideur, une instabilité, une diminution de la force, ou encore des douleurs irradiantes ponctuelles, séquelles d’une mauvaise cicatrisation.
La prise en charge d’une blessure ancienne n’est alors pas la même que celle d’une rupture ligamentaire récente, et les résultats escomptés ne sont pas toujours aussi satisfaisants que ceux offerts par une prise en charge précoce.
Lorsque symptômes il y a, on observe surtout un dysfonctionnement du poignet, c’est-à-dire une diminution de la force et de la dextérité. Des douleurs, plus ou moins marquées, à la mobilisation ou lors de certains mouvements peuvent aussi alerter.
Enfin, des ecchymoses peuvent apparaître sur la zone du poignet, signes de saignements au niveau du ligament rompu.
Lors de l’examen clinique, le praticien peut effectuer un test de Watson qui permet de confirmer le diagnostic.
Des examens d’imagerie médicale, et notamment un arthroscanner (scanner avec injection d’un produit de contraste dans le poignet), viennent ensuite compléter l’évaluation de la lésion afin de déterminer l’étendue de la blessure et d’identifier d’éventuelles lésions cartilagineuses concomitantes.
Traitements de la rupture du ligament scapho-lunaire
Le traitement d’une rupture du ligament scapho-lunaire doit toujours être élaboré au cas par cas, au regard des caractéristiques de chaque lésion, des éventuelles lésions associées et de l’âge de la blessure.
Les ruptures ligamentaires anciennes, qui ont été négligées sur le moment, ne peuvent pas toujours bénéficier de la même prise en charge que les blessures soignées précocement.
Traitements des ruptures récentes du ligament scapho-lunaire
En cas de rupture partielle du ligament qui n’entraîne pas d’instabilité du poignet, une simple immobilisation peut suffire.
Une attelle est installée pour éviter toute mobilisation du poignet et est laissée en place pour une durée variable en fonction de la sévérité de la blessure.
Une période de rééducation peut être nécessaire au retrait de l’attelle, l’immobilisation d’une articulation engendrant souvent des raideurs.
Lorsque les raideurs persistent, une intervention chirurgicale peut être proposée pour éliminer les adhérences (tissus cicatriciels) qui en sont responsables.
En cas de rupture complète du ligament scapho-lunaire, une chirurgie du poignet est indispensable pour permettre à l’articulation de retrouver ses qualités d’origine.
L’intervention chirurgicale consiste à réduire la rupture et à la stabiliser. L’opération est pratiquée est une chirurgie ouverte, au cours de laquelle le ligament est restauré et l’articulation consolidée par des broches, ou par arthroscopie de poignet (par l’intermédiaire d’une caméra insérée dans l’articulation)
Une immobilisation du poignet à la suite de l’intervention chirurgicale est nécessaire durant 6 à 8 semaines, jusqu’à la cicatrisation complète du ligament scapho-lunaire.
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Traitements des ruptures anciennes du ligament scapho-lunaire
Plus la blessure est ancienne, plus le traitement est délicat, car il faut composer avec les séquelles provoquées par une mauvaise cicatrisation des tissus et le faible potentiel de récupération des ligaments endommagés
Plusieurs techniques chirurgicales peuvent être envisagées, leur but étant de de traiter la douleur et limiter le risque d’évolution arthrosique.
S’il n’y a pas encore de signes d’arthrose, une reconstruction des ligaments peut être proposée pour stabiliser le poignet.
En revanche, en cas d’arthrose, les options d’arthrodèse, qui vise à bloquer partiellement ou totalement l’articulation en soudant différent os entre eux, ou de résection osseuse (résection de la première rangée des os du carpe) peuvent être proposées.
Le poignet est une des articulations des plus complexes du corps humain. Ses atteintes et leur prise en charge sont tout aussi délicates, mais un fait demeure : une lésion se soigne toujours mieux précocement que tardivement.
La rupture du ligament scapho-lunaire présentant un fort potentiel arthrogène, elle est capable de provoquer des séquelles altérant profondément la qualité de vie du patient et mérite, de fait, une attention particulière.
Il est donc essentiel de ne pas banaliser un traumatisme du poignet, et ce même lorsque les radiographies ne montrent pas de lésion osseuse.
En cas de choc violent, de douleur persistante et/ou d’hématomes importants, il est hautement recommandé de consulter rapidement un spécialiste de la main qui recherchera d’éventuelles atteintes ligamentaires et, le cas échéant, proposera un traitement adapté.
Chirurgien orthopédiste et traumatologue
Chirurgien de la main
Ancien Chef de clinique – AP-HP – Paris
Chirurgie de la main et du membre supérieur, microchirurgie, arthroscopie