Après une luxation de l’épaule, l’articulation peut parfois demeurer instable, ce qui se traduit par des douleurs, gênes et craquements pouvant s’avérer incapacitants au quotidien.
Cette instabilité chronique résulte d’une détérioration des tissus mous (ligaments) formant la capsule qui assure la stabilité et la congruence de l’articulation.
Une opération chirurgicale peut être indiquée pour traiter l’instabilité de l’épaule. Elle permet aux patients de retrouver la pleine capacité de leur articulation et supprime l’inconfort.
La luxation de l’épaule, qu’est-ce que c’est ?
La luxation de l’épaule, aussi appelée luxation acromio-claviculaire, survient lorsque l’articulation se disloque, certaines de ses composantes sortant de leur position normale et se désalignant les unes aux autres. On parle également de déboitement.
L’épaule est une articulation particulièrement sophistiquée, formée de 3 os : l’omoplate (os dorsal de l’épaule), la clavicule (os du thorax) et l’humérus (os du bras).
La congruence et la stabilité de ces différents os sont assurées par la capsule, un ensemble de tissus fibreux et ligaments qui enveloppe la jonction articulaire.
Une luxation de l’épaule correspond habituellement au déboîtement de l’humérus, dont la tête sort de la cavité (glène) de l’omoplate.
Ce type de blessure peut survenir subitement à la suite d’un traumatisme violent (choc, chute, etc.) ou progressivement dans le cadre d’une détérioration évolutive de la capsule – par exemple à force de microtraumatismes répétés des ligaments.
On distingue ainsi l’instabilité aiguë qui survient au moment du traumatisme lorsque l’épaule est luxée, et l’instabilité chronique qui perdure et/ou récidive une fois la luxation réduite.
L’instabilité chronique a plus de chances de survenir après de multiples épisodes de luxation aiguë. Plus la capsule est traumatisée et abîmée, plus les ligaments sont distendus et/ou décollés des os, perdant leur capacité à maintenir la stabilité de l’articulation de l’épaule.
Diagnostic d’une instabilité de l’épaule après une luxation
Le diagnostic d’une instabilité de l’épaule consécutive à une luxation peut nécessiter des investigations médicales poussées.
Il convient, en effet, de la différentier de l’instabilité provoquée par d’autres blessures de l’épaule (tendinites de la coiffe des rotateurs, etc.), qui n’appellent pas toujours la même prise en charge. Le contexte de survenue de la blessure peut apporter de précieux indices sur sa nature.
Un examen clinique permettra au médecin de palper l’épaule à la recherche de points douloureux. Il pourra également manipuler l’épaule afin d’identifier les mouvements dans lesquels l’articulation manque de stabilité.
Des examens d’imagerie médicale, en particulier l’arthroscanner font également couramment partie du processus de diagnostic. Ils permettent de visualiser la position des os de l’articulation de l’épaule et d’évaluer l’étendue des lésions de la capsule.
Lire aussi notre article sur la capsulite de l’épaule.
Traitements de l’instabilité de l’épaule après luxation
Bien qu’un traitement médical soit parfois envisagé pour prendre en charge une instabilité de l’épaule consécutive à une luxation, la chirurgie est habituellement le traitement privilégié.
Deux techniques chirurgicales peuvent alors être mises en œuvre, en fonction de la sévérité de l’instabilité et du profil du patient : la technique de la butée osseuse, ou opération de Latarjet, et la capsuloplastie arthroscopique, ou opération de Bankart.
La butée osseuse de Latarjet est un transfert osseux. Elle consiste à sectionner un morceau de la coracoïde (excroissance de l’omoplate) pour le réimplanter sur une autre partie de l’omoplate, afin d’augmenter la surface osseuse de la glène.
La tête de l’humérus est ainsi bloquée contre la butée formée par la coracoïde, et doit parcourir davantage de distance pour sortir de la glène et se déboiter à nouveau.
Cette intervention est privilégiée chez les patients qui sollicitent fortement leur épaule (sportifs, personnes très actives, etc.), ainsi que chez ceux dont la capsule ligamentaire est trop fortement détériorée pour être réparée.
L’opération de Bankart consiste à réparer les tissus mous de la capsule, plutôt qu’à remodeler les tissus osseux de la glène.
Le chirurgien réalise des points d’ancrage à travers la glène pour réappliquer la capsule décollée, réinsérer les ligaments rompus et/ou retendre les ligaments distendus.
L’opération de Bankart est moins lourde que l’opération de Latarjet, mais présente des risques de récidive légèrement supérieurs, notamment chez les sportifs.
Ces deux types d’intervention chirurgicale peuvent être réalisés par arthroscopie, c’est-à-dire sans ouvrir complètement l’articulation, mais en utilisation un dispositif optique pour visualiser les tissus internes et guider les gestes chirurgicaux.
L’opération est habituellement réalisée sous anesthésie générale et nécessite une courte hospitalisation.
Après l’intervention, le patient doit porter un dispositif d’immobilisation (écharpe) qui maintient le bras contre le corps durant 4 à 6 semaines pour permettre aux tissus de cicatriser.
Des séances de rééducation sont nécessaires pour récupérer la mobilité de l’épaule et réduire les risques de séquelles postopératoires, et plus particulièrement de raideurs.
Chirurgien orthopédiste et traumatologue
Chirurgien de la main
Ancien Chef de clinique – AP-HP – Paris
Chirurgie de la main et du membre supérieur, microchirurgie, arthroscopie